Car chaque seconde ...
TF1 : vingt heures !
Je jette instinctivement un coup d’oeil sur ma montre.
Sept secondes de retard, en un mois ; c’est pas mal. Les montres à quartz sont d’une telle précision !
Quand j’ai quitté mon pays, je n’ai emporté que l’essentiel : mes livres, amis de toujours, mes outils, prolongements de mes mains, mes albums de photographies débordants de souvenirs et enfin la vieille horloge de l’arrière grand-père.
C’est une de ces horloges appelées régulateurs. Une mécanique d’autrefois, tout en laiton. Un coeur qui bât dans sa boîte vitrée surmontée d’un cheval noir.
Là-bas, sur le mur, le régulateur du vieil Engel.
Une pièce de famille que se transmettent les générations.
Un soir, ma mère me l’avait confiée :
“ Tiens, prends l’horloge ! Ainsi quand tu seras au loin, tu repenseras au pays.”
Depuis 16 ans déjà, à plus de huit cents kilomètres de mon village, l’horloge me parle tout bas.
Elle raconte la forêt, le bruit de mes pas dans les feuilles mortes, le vin nouveau, le pain de seigle et les noix. Quand parfois, j’ai tendance à oublier, tous les quart d’heure, sa voix vient me rappeler :
“ Souviens-toi,
Dit le vieux balancier
N’oublie pas de vivre
Car chaque seconde, à peine entamée,
Est perdue pour l’Eternité.
