Brobeck Jean-Paul - Un miroir pour trois visages
Épilogue d’une soirée.

Dans la vie, on veut parfois bien faire, on se donne à fond, ne lésinant pas sur le travail. Et pourtant, il existe des situations étranges, comme si le hasard prenait un malin plaisir à vous jouer un tour pendable.

L’autre soir, j’avais invité des amis ; des amis que j’avais choisis, non pour leur notoriété, mais pour leur gentillesse et, pourquoi avoir peur des mots, parce que je les aime.

Nous avons passé une soirée agréable ; une de ces soirées qui vous mettent du baume au coeur et qui a le goût de soleil, même en pleine nuit.

Il était environ minuit, quand les invités repartirent. J’ai rangé ma cuisine et, fatigué, je me suis couché.
Là-bas, dans la cuisine, le lave-vaisselle ronflait de contentement, le ventre bien plein.

J’étais sur le point de m’endormir quand j’entendis que l’on frappait à ma porte. Non pas celle qui donne sur la rue, non, l’autre celle qui ouvre sur mon jardin.

Je descendis donc, intrigué et vaguement inquiet. Qui, à pareille heure, a bien pu sauter le mur de mon jardin ? Les coups contre ma porte se faisaient plus impératifs.

J’ouvris donc…

Ils étaient là en délégation.

« Alors, tu as bien mangé ? Tu es fier de toi ?
Bien oui, je crois que le repas était réussi.
Tu te rends compte, rien que des médecins !
Nous, on n’est pas certainement pas assez bien !
Et puis vous avez parlé médecine toute la soirée. Tu crois que la médecine intéresse tout le monde ? »

J’étais un peu confus. Je voulais bien faire. J’avais mis tout mon coeur à l’ouvrage. Partager un repas, c’est une chose merveilleuse. De plus j’avais fait mon pain. Faire son pain, c’est bien plus qu’un symbole. Le partager avec ses amis, c’est un peu leur dire : « Ma porte vous est toujours ouverte. »

Tu as jugé utile de ne même pas nous inviter.
C’est vrai, il faut rester entre gens bien.

Moi, qui voulais bien faire, avais-je donc tout raté ?

Mais, je n’avais plus assez de chaises.
Parle toujours, il y avait le petit canapé. Non ?
De toute façon, on ne peut pas revenir en arrière. Comme punition, tu dormiras seul. Bonsoir.”

Histoire étrange, ne vous l’avais-je pas annoncée. Mais c’est une histoire vraie. Parole d’homme !

Vous êtes sceptiques ? Alors, allez voir sur la table de mon jardin. Vous y trouverez les cinq nains de jardin que j’avais achetés pour mon amie Monique. Maintenant, ils me regardent de travers. Iront-ils jusqu’à bouder ?

On ne se méfie jamais assez des nains de jardin !
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