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Il suffirait de...
Jaime les traditions : celles qui réunissent la famille autour du sapin et toutes les autres qui jalonnent la route de notre temps.
Les traditions sont l héritage que nous ont transmis nos aïeux, véritable trait dunion entre hier et le présent.
En cette fin de siècle, nombreux sont ceux qui sinterrogent sur lavenir. À défaut de répondre à cette question, les traditions nous permettent dentrevoir doù nous venons et cest déjà beaucoup.
Mais il existe des traditions récentes dont je me passerais bien. Tenez, cest devenu traditionnel, chaque année on dresse le bilan des victimes de la route. Alors, pour quelques instants, mais pour quelques instants seulement, les hommes prennent conscience et puis, on retombe vite dans les mêmes ornières. Comme si la fatalité avait dessiné notre chemin.
Au moment même où les pouvoirs publics font dresser des panneaux de limitation de vitesse, au moment même où lon installe les nouveaux radars, les constructeurs automobiles présentent leurs derniers modèles toujours plus rapides, toujours plus puissants. Il y a belle lurette que les performances des voitures ont dépassé les facultés des conducteurs.
Depuis quil est entré dans ma vie, le « petit » a changé ma façon de voir les choses. Oh ! je nai jamais été un fou de vitesse, mais voilà, homme rationnel, mes déplacements se réduisaient à un trajet obligatoire me conduisant dun point à un autre.
Je naime toujours pas perdre mon temps et, sans être habité par la hantise de la moyenne, je flirtais avec les vitesses autorisées.
Maintenant, dès que je tends la main vers larmoire à clefs, le « petit » exprime sa joie et va se poster devant la porte dentrée. Dans la voiture, il sassied gentiment à larrière et ne bronche pas quand je lui passe sa ceinture de sécurité.
Je vous lai dit, ma façon de voir les choses a changé. Maintenant, nous ne traversons plus la France, non, nous voyageons dans un véritable zoo. Jattire lattention du « petit » quand japerçois des animaux et il prend plaisir à observer et à faire la différence entre les vaches, les chevaux et les moutons. Parlez-lui doiseaux ou davions, et il dressera son coup pour scruter le ciel.
Oui, le « petit » a transformé la voiture en citrouille de Cendrillon et cest bien au chaud dans nos parenthèses de bonheur que nous parcourons les routes. Quimporte la durée du voyage. Je me surprends même à prolonger cet instant de bonheur profond.
Et je suis persuadé que cest là que réside la solution du problème. Car on ne mettra jamais un gendarme derrière chaque arbre, et lesprit humain essaiera toujours moyennant quelque arrangement avec sa conscience, déchapper aux interdits imposés de lextérieur.
Non ! cest de lintérieur que doit se faire ladhésion. Il faut être conscient pour comprendre, pour faire soi selon létymologie.
Au besoin en voyageant avec un « petit » à côté de soi.
Au fait, jallais oublier. Mon « petit » va sur ses trois ans. Il est gentil. Il a lesprit de famille.
Cest un Labrador blanc.
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