Lhiver a été bon.
Les routes verglacées, les petits chemins bloqués par des congères, les coupures de courant et les fils du téléphone tombés ; toute la gamme des problèmes. Et pourtant, lhiver a été bon !
Chez vous, dans lEst, les gens ont lhabitude me disait lautre jour, le facteur, mais ici, cela narrive que tous les vingt ans, alors, vous savez, les gens sont pris au dépourvu.
Pourtant, malgré plus de cent victimes dont jai entendu parler, comme tout le monde, malgré la voiture dun ami démolie à la suite dune glissade sur une plaque de verglas, malgré la facture du chauffage qui sannonce lourde, je retiendrai autre chose de cet hiver rigoureux.
Cétait au bout de la première semaine de la vague du froid. Ma voisine, dame âgée aux jambes fragiles, mobservait pendant que je sortais ma voiture du garage. Un petit signe de la main. Une fenêtre qui souvre :
Bonjour Madame. Voulez-vous que je vous fasse quelques courses ?
Les bonnes nouvelles vont vitre. En lespace de quelques heures, je devins le pourvoyeur des petits vieux du quartier. Je fis la navette du boulanger à lépicier, en passant par le boucher et la pharmacie. Japprovisionnais des gens que je ne connaissais que de vue : jhabite mon quartier à peine depuis un an.
Oui, lhiver a été rude. Là-bas, dans la montagne, il a fait éclater des rochers.
Chez nous, il a même brisé des solitudes ...
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