Brobeck Jean-Paul - Un miroir pour trois visages

Un jour, quelqu’un posa une question :
Je voudrais bien savoir qui de nous tous est le plus fort ?
En voilà une drôle de question !
Ça va servir à quoi de savoir cela ?
Si on sait qui est le plus fort,
On pourra dire qui sera notre roi.

Alors le lion s’avança.
C’est quoi cette drôle de question là ?
Vous le savez, c’est moi le roi.
Je suis de loin le plus fort,
Et celui qui ne me croit pas, je le mords.
Attention je vous préviens, je peux devenir très méchant.
J’ai de très longues griffes et aussi de grandes dents.

Tous ceux qui étaient réunis
Se rangèrent à cet avis.

Mais il y en avait un qui n’était pas content.
C’était notre ami l’éléphant.
Je voudrais bien voir cela
Le lion qui se prend pour le roi !
Il ne m’a pas vu.
S’il fait le méchant, je vais lui marcher dessus.
Je vais l’écraser
Il ne va rien en rester.

Assurément,
Tous pensèrent qu’un éléphant
Cela pouvait être fort évidemment.

Mais voilà qu’arriva un nouvel ami
C’était la petite souris.
Elle se présenta et dit :
Je ne suis pas de votre avis.
L’éléphant à peur de moi.
Il ne peut donc pas être notre roi.

Quoi dit le chat !
Une souris qui veut faire la loi !
Tu ferais bien de te cacher
Sinon je vais te dévorer.

Voilà qui est bien
Dit le chien.
Le chat se moque de nous.
Un chat, c’est toujours un peu fou.
File vite car tu as tort.
Si tu fais le malin, je te mords.

Finalement on en était là,
Sans savoir décider qui serait le roi,
Quand quelqu’un déclara
Il n’y a pas que les animaux qui peuvent être roi.
Avec l’homme aussi il faut compter.
N’allez surtout pas l’oublier.
Moi, je ne me permettrais pas d’oublier
Que l’homme sait inventer.
Il a inventé les fusils
Et moi, de l’homme, je me méfie.

Ne crains rien dit l’arbre de la forêt
S’il fait le méchant, je l’écraserais.

Et le vent se mit à souffler.
C’est moi le plus fort, je vais te déraciner.
Tu crois ça dit le rocher
Avec l’avalanche, je t’emporterai.

Voilà : on en était là
Quand le soir arriva.
On n’avait rien décidé
On ne savait pour qui voter.

Alors elle arriva,
Et dit d’une petite voix
Vous n’avez pas pensé à moi,
Parce que personne ne fait attention à moi.
Je n’ai pas de forme, on ne peut pas m’enfermer,
Il faut être fort pour m’attraper
Je n’ai pas d’odeur
Mais sans moi, il n’y aurait pas de fleurs.
Je n’ai pas de couleur
Et pourtant sans moi, ce serait l’horreur
C’est moi.
Qui serais votre roi

Je vous laisse réfléchir un instant
Pour deviner qui vient de parler.

Alors, vous n’avez pas trouvé ?

C’était la goutte d’eau, celle qui fait les perles de rosée.
Je suis plus forte que le rocher
Et tout le monde se mit à rigoler.

Or, ce soir-là,
Il se mit à faire très froid.
Chacun rentra vite se réchauffer.
La goutte d’eau se mit sur le rocher.
.Le rocher avait une petite fissure ;
Pas très grosse, je vous rassure,
Mais assez grande pourtant
Pour que la goutte d’eau s’y glisse lentement.

Je vous l’ai dit, cette nuit il fit très très froid.
La petite goutte d’eau gela.
Elle gonfla, gonfla

Et le rocher en morceaux éclata.

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