Le dernier billet.
Quand arrive le samedi, je me réjouis, car samedi, cest jour de marché dans mon pays.
Alors, je me trouve toujours une bonne raison pour aller faire un petit tour au marché.
Faut vous dire, que chez nous, cest quelque chose le marché !
Vendredi soir déjà, les commerçants viennent monter lossature de leur étalage et puis ils reviennent au petit matin, pour dresser leurs marchandises.
Dun côté, il y a les grossistes, ceux qui achètent pour revendre. On fait parfois de bonnes affaires, mais il faut savoir patienter.
De lautre côté, les paysannes ont installé leurs grands paniers et les balances à poids. Oh ! non, ce ne sont ni des légumes, ni des oeufs que lon vous propose, mais tout simplement le fruit dun travail :une semaine passée à sarcler, biner, arroser et récolter. On a beau constater que les prix sont plus élevés, la marchandise un peu moins belle, ne vous y trompez pas. Il flotte dans lair comme un parfum de vérité.
Alors, ce sont des regards qui interrogent, des mains qui se tendent, des mots qui interpellent dans un brouhahas indescriptible, véritable symphonie de la Vie.
Lautre jour, je flânais, comme de coutume, le regard à laffût.
Lhomme sétait arrêté devant des oranges ou des pommes, je ne sais plus. Il avait tiré de son porte-monnaie un billet froissé et puis se souvenant peut-être quil navait pas besoin de fruits, il avait rangé son billet, était reparti.
Rien que des gestes simples, raisonnables mais, une fois de plus, javais regardé avec mon coeur.
Javais vu un homme prendre son dernier billet, sa dernière richesse. Il avait envie de fruits mais il y avait aussi cette petite fille avec ses larmes là-bas, au coin de la rue.
Alors lHomme avec son dernier billet, avait acheté un ballon rouge qui danse au bout dune ficelle. Ne me demandez pas pourquoi le ballon était rouge. Il létait, forcément !
La petite fille avait séché ses larmes et retrouvé son sourire. Mais vous savez bien comment sont les petites filles, un rien peut les rendre heureuses, les faire danser. Alors battant des mains, elle avait lâché la ficelle et le ballon rouge avait retrouvé sa liberté.
Il partit droit vers le ciel, emportant le sourire de lenfant et le dernier billet du vieil homme, laissant dans ma tête une histoire pour ceux qui savent regarder avec leur coeur.
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