Un miroir pour 3 visages
Brobeck Jean-Paul

Le dernier billet.


Quand arrive le samedi, je me réjouis, car samedi, c’est jour de marché dans mon pays.
Alors, je me trouve toujours une bonne raison pour aller faire un petit tour au marché.
Faut vous dire, que chez nous, c’est quelque chose le marché !
Vendredi soir déjà, les commerçants viennent monter l’ossature de leur étalage et puis ils reviennent au petit matin, pour dresser leurs marchandises.
D’un côté, il y a les grossistes, ceux qui achètent pour revendre. On fait parfois de bonnes affaires, mais il faut savoir patienter.
De l’autre côté, les paysannes ont installé leurs grands paniers et les balances à poids. Oh ! non, ce ne sont ni des légumes, ni des oeufs que l’on vous propose, mais tout simplement le fruit d’un travail :une semaine passée à sarcler, biner, arroser et récolter. On a beau constater que les prix sont plus élevés, la marchandise un peu moins belle, ne vous y trompez pas. Il flotte dans l’air comme un parfum de vérité.
Alors, ce sont des regards qui interrogent, des mains qui se tendent, des mots qui interpellent dans un brouhahas indescriptible, véritable symphonie de la Vie.
L’autre jour, je flânais, comme de coutume, le regard à l’affût.

L’homme s’était arrêté devant des oranges ou des pommes, je ne sais plus. Il avait tiré de son porte-monnaie un billet froissé et puis se souvenant peut-être qu’il n’avait pas besoin de fruits, il avait rangé son billet, était reparti.
Rien que des gestes simples, raisonnables mais, une fois de plus, j’avais regardé avec mon coeur.
J’avais vu un homme prendre son dernier billet, sa dernière richesse. Il avait envie de fruits mais il y avait aussi cette petite fille avec ses larmes là-bas, au coin de la rue.
Alors l’Homme avec son dernier billet, avait acheté un ballon rouge qui danse au bout d’une ficelle. Ne me demandez pas pourquoi le ballon était rouge. Il l’était, forcément !
La petite fille avait séché ses larmes et retrouvé son sourire. Mais vous savez bien comment sont les petites filles, un rien peut les rendre heureuses, les faire danser. Alors battant des mains, elle avait lâché la ficelle et le ballon rouge avait retrouvé sa liberté.

Il partit droit vers le ciel, emportant le sourire de l’enfant et le dernier billet du vieil homme, laissant dans ma tête une histoire pour ceux qui savent regarder avec leur coeur.
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