Un miroir pour 3 visages
Brobeck Jean-Paul

Le dimanche


Quand j’étais gosse, je n’aimais pas les dimanches. Certes, le dimanche c’était un peu de liberté, un repas un peu plus élaboré ; mais le dimanche, il fallait mettre le beau costume.
Voilà ce qui n’allait pas. Ma mère et moi, nous assistions à la première messe, et quand je retournais, tout endimanché, avec ma chemise blanche et ma cravate, maman avait soin de me rappeler :
“ Fais attention. Ne te salis pas. “

Que n’aurais-je donné pour remettre vite mes vieux habits, pour aller dans la cave, fendre des bûches ou bricoler avec mon père !
Non, mes dimanches à moi ressemblaient à une punition.
Attendre le soir qui n’en finissait pas de venir.
Atteindre le soir, sans la moindre tache.

Quand j’ai quitté le nid, j’ai laissé mes costumes sur leurs cintres.
Le dimanche, je mettais mes plus vieux habits. J’étais heureux, les mains dans la terre, le corps couverts de copeaux de bois, dans mon atelier.

Bien des dimanches ont passé.
Qui sait ? J’ai peut-être mûri.
L’autre jour, je discutais avec ma mère
“ Tu vois - me disait-elle -, les gens se punissent eux-mêmes. Même le dimanche, ils ne s’arrêtent pas. Ils courent, on se demande après quoi ?
Dans le temps, le dimanche c’était une fête ; maintenant c’est presque un jour comme les autres. “

Aux jours de soleil, il faut des jours de pluie.
A la fatigue, le repos d’une bonne nuit.
Aux jours de semaine, trop semblables trop gris; il faut des dimanches,
avec leur cravate et leur chemise blanche.
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