Sur le bord des routes.


Tu le sais bien, je suis incapable d’estimer l’âge des gens, aussi quand je l’ai rencontré, je ne peux te dire si c’est l’âge qui lui avait conféré la Sagesse, ou alors si c’étaient les coups de griffes de la vie.

“Tu sais”- me dit-il - la Vie c’est comme une grande promenade : une promenade à travers les années, à travers les saisons, à travers les paysages, Sur ta route, tu te baisses de temps en temps pour cueillir une fleur.
Si c’est une violette, tu sauras que tu es au printemps. Un colchique t’annoncera l’hiver. Mais, au fur et à mesure que tu avances, ton bouquet grandit. Tes bras suffisent à peine pour en faire le tour.
Et voilà qu’un jour, ton chemin s’arrête. Tu es là, avec ton gros bouquet.
A qui vas-tu l’offrir ?
Saura-t-elle le recevoir ?
Saura-t-elle combien de fois tu t’es baissé, combien de fois tu as eu mal pour te redresser.
Alors, si elle sait, elle ouvrira les bras et ce sera le bonheur.

Mais regarde autour de toi. Ouvre bien grand tes yeux.
Tu verras, sur le bord des routes, des milliers de fleurs que l’on a cueillies, puis jetées, faute de savoir à qui les offrir