Brobeck Jean-Paul - Un miroir pour trois visages
Je décline,
Tu déclines,
Nous déclinons.

La culture est, paraît-il, ce qui reste quand on a tout oublié.
J’ai du oublier pas mal de choses déjà.

Il me semble après quelques années de recul, que la soi-disante culture générale comporte tout un arsenal, j’allais dire un fatras, de choses qui encombrent la mémoire et qui ne servent en définitive qu’à entretenir une illusion.
Les Français cultivés ! On m’en reparlera.

Tenez, un exemple : les logarithmes népériens, ça vous dit quelque chose les logarithmes népériens. En pourtant, on nous a nourris de logarithmes népériens, on nous a gavés de logarithmes népériens. Et bien la seule chose que je me souvienne, c’est que les logarithmes népériens ça ne se mangent pas, et que les logarithmes népériens ça ne nourrit pas son homme sauf pro de math et encore !

Idem pour les déclinaisons. C’était la bête noire les déclinaisons. Nominatif, génitif, accusatif, datif… J’en passe et des meilleurs.
Le nominatif, passe encore. Il faut bien nommer les choses dont veut parler.
Le génitif, ça sent mauvais ; on ne se méfie pas assez du génitif surtout depuis que l’on cultive des OGM. Pas claire cette histoire de génitif !
L’accusatif, oui, je reconnais que c’est encore à la mode surtout du côté des commissariats de police et des tribunaux. L’accusatif, ça peut servir et l’on s’en sert beaucoup.
Quant au datif, nous le laisserons aux fabricants d’agendas électroniques et autres calendriers.

N’empêche que la déclinaison revient en force. J’ai vu récemment que le constructeur Renault déclinait sa gamme en berline, commerciale, monospace, cabriolet.
Lors du dernier salon de la lingerie de nombreuses marques déclinaient leurs fabrications en soutien-gorge, bustier, push-up, culotte, slip ou string.
Les déclinaisons sont revenues au goût du jour. Comme un peu d’ailleurs les mots en « tif ».
On a toujours pris l’apéritif et au besoin on passait à la pharmacie pour acheter un laxatif plus rarement un carminatif. Pour la Saint Valentin, on se fendait d’un pendentif. Mais voici que les préservatifs se veulent sensitifs, voilà que la politique prend un caractère de plus en plus vomitif, et que les programmes de la télévision qui se veulent de plus en plus, comment dire attractifs, deviennent, disons le mot : chiatifs !

Que voulez-vous il faut savoir évoluer avec son temps. Ne voici pas que mon coiffeur, qui n’est pas un homme à couper les cheveux en quatre, a changé d’enseigne. Désormais il s’appelle « créatifs » sa femme s’étant réservée l’appellation « positifs »

Les Tifs sont partout. Une histoire à vous faire dresser les cheveux sur la tête.
Il n’y a que deux échappatoires.
On peut toujours adopter une coupe à la Fabien Bartès.
Mais on peut aussi, et je ne m’en prive pas
décliner l’offre de la modernité.

Mes frères restons attentifs !


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