Brobeck Jean-Paul - Un miroir pour trois visages
Axiome ou bête noire ? La profondeur de champs.

Quand nous regardons un paysage, nos yeux « se promènent »
Ils vont des objets les plus proches (les premiers plans) aux objets les plus lointains. (les arrières plans)
À chaque instant, nos yeux font une mise au point sur l’objet qu’ils observent précisément.
Les myopes distinguent très mal les objets lointains. Les presbytes ont du mal à voir les objets proches.
Ces deux imperfections de la vue peuvent heureusement être corrigées par le port de lunettes adaptées.
Nos yeux sont des organes vivants qui s’adaptent à nos besoins.

Nos appareils photos eux, sont des objets inertes comparés à nos yeux. Ils comportent des objectifs (voir tuto objectifs) qui sont des systèmes composés de lentilles. Ces systèmes possèdent des caractéristiques et des limites. Nous allons donc parler de la profondeur de champs.

Définition :

Rares sont les photos qui sont nettes sur tous les plans, car la netteté dépend de plusieurs facteurs :
- Les caractéristiques de l’objectif utilisé.
- La façon dont le photographe a réglé son appareil.
- Et d’autres facteurs.

La profondeur de champs est, dirons-nous,
la zone de netteté, c’est-à-dire la partie de l’image dans laquelle les objets paraîtront nets.
Nous éliminons d’office les manques de netteté dus au fait que le photographe avait la « tremblote », donc mauvais choix de la vitesse. Ce manque de netteté correspond à un « bougé »
Restent donc les manques de netteté provoqués soit par les objectifs eux-mêmes, soit par leurs mauvais réglages.

Limites des objectifs :

Tous les objectifs peuvent êtres réglés sur l’infini.
Mais chaque objectif possède une mise au point minimale, c’est-à-dire une distance en de ça de laquelle la mise au point est impossible.
En gros, les distances minimales sont de :

0,35 m pour les grands angulaires.
0,40 m pour les objectifs de 50 mm.
1,20 m pour un petit téléobjectif de 135 mm.
4, 00 m pour un téléobjectifs de 400 mm.

Rappelons au passage une règle simple :

On a défini l’objectif de 50 mm (argentique) comme un objectif qui ne change pas la taille apparente de l’objet.
Donc un objectif de 100 mm
correspond à un agrandissement fois 2 (50 X 2)
Un téléobjectif de 400 mm
correspond à une jumelle fois 8 (50 X 8).

Quelques mots sur la notion de diaphragme.

Un objectif laisse passer la lumière. L’ouverture de l’objectif doit pouvoir être réglée en fonction de l’intensité de la luminosité. On a défini des normes internationales qui reposent sur le principe suivant : entre deux valeurs de diaphragme, la
surface de l’ouverture augmente du double.

Les valeurs des diaphragmes sont des inverses.
La valeur F/2,8 correspond à une grande ouverture.
La valeur F/22 correspond à une toute petite ouverture.

La suite normalisée comprend dans l’ordre les valeurs suivantes.

F/2,8…F/4…F/5,6…F/8…F/11…F/16…F/22…

Il existe des appareils qui « ouvrent » à plus de F/2.8 et des appareils qui « ferment » à plus de F/22.

Influence de la valeur du diaphragme sur la profondeur de champs.

La profondeur de champs varie avec la valeur du diaphragme utilisé par le photographe. En voici l’illustration par les documents 1, 2 et 3.

Document N°1

L’avant-plan est net. L’arrière-plan est flou. Le photographe a réglé son appareil sur une valeur de diaphragme de F/2,8

Document N°2

La zone de netteté s’étend du 2° poteau au 5° poteau. Nous avons donc une profondeur de champs plus étendue. Le photographe a réglé son appareil sur une valeur de diaphragme de F/8

Document N°3

Ce document montre une grande profondeur de champs. Le photographe a réglé » son appareil sur une valeur de diaphragme F/16

Document N°4

Ce document est une représentation schématique de l’influence de la valeur du diaphragme utilisé sur l’étendue de la profondeur de champs.

La distance de mise au point est réglée sur l’arbre N°4

La profondeur de champs varie en fonction de la valeur du diaphragme.

La profondeur de champs : une aide ou un piège ?

Le photographe averti sait utiliser les variations de la profondeur de champs et éviter ses pièges.

Commençons par les pièges.

Il arrive que dans un portrait, le nez soit bien net et que les oreilles soient floues. Le photographe a certainement utilisé une valeur de diaphragme de l’ordre de F/2,8 qui donne comme nous l’avons vu, une faible profondeur de champ. C’est le piège dirons-nous classique.

Idem pour la photographie d’un groupe où l’avant-plan est net, l’arrière-plan est flou.

Première situation :

Imaginons maintenant que vous avez décidé de photographier votre petite amie. Vous partez à la recherche d’un fond. Voilà un bel arbuste. Vous faites donc poser votre amie devant l’arbuste.
Vous voilà devant l’obligation d’un choix multiple.

I° Tout est net votre amie et les feuilles de l’arbuste.
2° Vous aimeriez que le visage de votre amie soit net et que les feuilles constituent un fond légèrement flou pour ne pas trop attirer l’attention.

Il suffit de choisir un diaphragme d’une valeur de F/2,8 et le tour est joué.

Deuxième situation :

Voici une belle fleur qui se détache sur une montagne avec un ciel bleu. Ah ! si on pouvait prendre une photo dans laquelle tout serait net !
C’est possible :
Il suffit de choisir une valeur de diaphragme de l’ordre de F/16 ou F/22 et votre profondeur de champ englobera tous les éléments.

Cela est-il possible à tous les coups ?

Malheureusement non, et je vais vous dire pourquoi.
Chaque situation possède une luminosité qui varie selon l’heure du jour, la couverture nuageuse….
La mesure de la luminosité, par les cellules de nos appareils,
donne lieu à des réglages d’un couple antagoniste vitesses et diaphragmes. Il nous est donc parfois impossible de choisir à notre guise le diaphragme qui nous aimerions utiliser.

Vitesses et diaphragmes seront étudiés plus en détail dans un prochain tuto.

Alors la profondeur de champs : une bête noire ?

La profondeur de champs est un problème inhérent à la photographie et le photographe doit savoir maîtriser ce paramètre. Si les problèmes de profondeur de champs peuvent être facilement contrôlés pour les prises de vues courantes, ils se posent surtout en macrophotographie. En effet, plus on se rapproche du sujet, moins la profondeur de champs est grande. Pour certaines prises de vues très rapprochées, la profondeur de champs se limite à quelques millimètres. Quand on essaie d'utiliser un diaphragme très fermé, on tombe sur le problème du manque de luminosité ce qui nous oblige souvent à recourir à l'usage d'un flash.

Document 1
Document 3
Document 2
Document 4
Analyse d'audience
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